mercredi 17 mars 2021

Inhumé, exhumé, puis inhumé dans la dignité


Il est enterré dans la dignité en fin janvier au cimétière de Mukoni dans la commune Muyinga de la province Muyinga. C’est au Nord-Est du Burundi. Kenny Kabura, élève de la neuvième année au Lycée Mukoni, est tué, en cours de route, par les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les imbonerakure, alors qu’il se dirige vers son domicile à Mukoni. Les parent et proches de Kenny souffrent beaucoup pour trouver son cadavre, ces partisans du CNDD-FDD l’ayant enterré le lendemain matin sur le lieu de l’assassinat.

L’assassinat de Kenny Kabura se commet sur la colline Ruganirwa de la zone Cumba en commune et province Muyinga. Dirigés par un certain Muvunyi, les imbonerakure de la zone Cumba interceptent Kenny Kabura qui est entrain de regagner son domicile sur la colline Mukoni vers 20 heures le vendredi, 22 janvier 2021. Ils appellent par téléphone le chef de la colline Mukoni pour lui demander s’il le connaît. Le chef de colline répond par la négative. Les membres de la jeunesse du CNDD-FDD

l’accusent alors d’être un voleur et tuent ce jeune de 21 ans à coups de gourdins. ‘’Le chef de la colline ne pouvait pas le reconnaître parce qu’il habitait loin de chez lui et il était très jeune.’’, nous raconte un voisin de la famille de Kenny. Le chef de la colline Mukoni Martin Coyitungiye arrive sur place le lendemain matin mais les imbonerakure ont déjà enterré le corps de Kenny Kabura, à l’aube, dans un champ d’un habitant de la localité tout près du lieu de son assassinat. C’est face à un tombeau que se retrouvent également Shabani, le chef de la zone Cumba et Amédée Misago, l’administrateur de la commune Muyinga, le samedi 23 janvier 2021.     

L’exhumation du corps de Kenny

Quelques indices permettent à la famille de penser qu’il s’agit bel et bien de Kenny Kabura qui a été tué et enterré par les imbonerakure. Suite à la requête des proches de la victime, l’administrateur de la commune Muyinga et le gouverneur de la province Muyinga se déclarent incompétents pour autoriser l’exhumation du corps. C’est le ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique, qui, finalement, autorise le déterrement de Kenny Kabura selon nos sources. L’exhumation et les cérémonies de l’inhumation dans la dignité de Kenny Kabura sont programmées pour le samedi suivant, le 30 janvier 2021.

Les proches réclament justice

‘’L’enfant a été assassiné et le lieu de l’assassinat est connu. Maintenant, les autorités administratives et les autorités judiciaires devraient nous aider pour que justice soit rendue’’, a lancé le représentant de la famille éprouvée qui a également déclaré que l’impunité persistante peut conduire à des massacres de masse.

Dans son discours de clôture des cérémonies d’inhumation auxquelles aucune autorité locale n’a participé, ce représentant de la famille a également indiqué qu’après avoir été assassiné, le corps de Kenny Kabura a été jeté mais que, grâce à Dieu, aux proches, aux voisins et aux amis, ils sont parvenus à l’inhumer avec dignité.

La victime avait des problèmes mentaux

Les sources proches de la famille de Kenny Kabura indiquent que ce jeune, né le premier septembre 1999, était régulièrement suivi par des médecins du Centre Neuropsychiatrique de Kamenge et qu’il s’y serait rendu pour la dernière fois au mois de décembre 2020. A sa sortie du CNPK le 2 mars 2020, les médecins lui avaient prescrit la Risperidone 2mg, la Chlorpromazine 100mg, la Vitamine B et la Gamalate B6 selon ses ordonnances médicales que nous avons pu nous procurer.

Dernière nouvelle sur le dossier

C’est l’Officier de la Police Judiciaire connu sous le prénom de Fulgence qui était chargé du dossier jusqu’en février dernier. Selon nos sources, l’OPJ a demandé, le 2 février 2021, à la ‘’famille dont l’enfant a été assassiné d’envoyer un ou deux représentants à la Police Judiciaire au bureau numéro 9 pour que le dossier des auteurs de l’assassinat soit élaboré’’. L’OPJ Fulgence expliquait qu’il venait d’être muté et qu’il voulait partir après avoir remis un dossier complet.

Contacté par téléphone, Shabani, le chef de la zone Cumba, où Kenny Kabura a été assassiné, a dit qu’il était au courant de cet assassinat mais qu’il n’était pas le vrai Shabani que nous cherchions. Contacté, l’administrateur de la commune Muyinga, Amédée Misago, n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet.

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