samedi 13 février 2021

La Commission Vérité et Réconciliation cacherait-elle la Vérité aux Journalistes ?

Membres de la CVR et la population devant une fosse commune à Muzenga-Rwankona

C’est la question que je me pose après le fiasco de la couverture médiatique lors du lancement de l’exhumation des restes des victimes de 1972 à Bururi. La Commission Vérité et Réconciliation estime que, dans cette province du sud du Burundi, il y a plus de 80 fosses communes. Mais, comme cela a été le cas lors de l’ouverture solennelle des activités dans cette province, les journalistes n’auront finalement pas l’occasion de couvrir les deux semaines d'activités d’une commission qui, elle-même, soulève la controverse. 

Le mercredi, 10 février 2021, une quinzaine de journalistes basés à Bujumbura font le départ à 7 heures du matin pour Bururi. Comme d’habitude, les membres de la CVR, eux, sont déjà sur place dès la veille. Les pluies torrentielles empêchent le minibus, qui transporte les journalistes, d’avancer normalement et ils arrivent au chef-lieu de la province Bururi vers 13 heures. C'est la CVR qui a mis le minibus à la disposition des journalistes. ‘’Nous ne comprenons pas pourquoi la CVR nous oblige à faire le départ le matin au lieu de nous laisser passer la nuit dans la province-cible’’, se lamentent certains journalistes. A l’arrivée des journalistes à Bururi, les membres de la CVR ont déjà clôturé l’activité du jour. Chaque journaliste est prié de récupérer 14400 francs de frais de mission accordés par la CVR pour la journée avant de rebrousser chemin. 

Les journalistes ont également droit aux images 

Les communicateurs de la CVR ont pris toutes les images de l’activité. Les journalistes sont priés de copier et coller les images mises à leur disposition par ces communicateurs de la Commission Vérité et Réconciliation. Mais, les journalistes ne sont pas sûrs qu’il s’agit de la totalité des images prises pendant l’activité. Certains journalistes récupèrent immédiatement les images à Moonlight Hotel au centre-ville Bururi. Mais il y en a d’autres qui refusent de recevoir les images … 

... parce qu’il s’agit d’une affaire délicate 

Certains journalistes expliquent que les affaires des fosses communes en particulier et de la justice transitionnelle en général font partie des sujets délicats. ‘’C’est un sujet délicat. Il fallait voir cela de nos propres yeux pour pouvoir traiter le sujet’’, expliquent certains journalistes. Même certains journalistes qui récupèrent les images hésitent de les publier. 

Le gouverneur de Bururi ne savait-il pas que les journalistes étaient absents ? 

Devant la caméra des communicateurs de la CVR, le gouverneur souhaite les bienvenus à toutes les personnes présentes, y compris les journalistes qui ne sont pourtant pas là. Même le vice-président de la CVR, Clément Noé Ninziza, qui sait très bien que les journalistes ne sont pas encore arrivés, ne manque pas de les évoquer dans son discours comme s’ils les voient. Le gouverneur Léonidas Bandenzamaso souhaite ensuite à la délégation de la CVR un bon travail et se dit convaincu que les témoins ‘’ne vont pas exagérer’’ mais qu’ils vont dire ‘’la vérité et rien que la vérité’’. Il demande ainsi à la population de ne pas avoir peur de témoigner. 

Les on-dit ? 

Alors que la fouille dans la fosse située sur la colline Muzenga-Rwankona de la commune Bururi est en cours, un membre de la CVR parle à une centaine de personnes présentes. ‘’Comme d’habitude, avant de déterrer les restes humains, nous appelons la population pour éviter que, ces gens qui racontent des mensonges comme quoi la CVR déterre des cimetières les restes humains et les exposent, ne doutent plus de notre travail. Donc, nous allons encore vous appeler à la fin des activités pour voir le résultat de notre travail.’’ 

Si les journalistes étaient là, ils allaient peut-être chercher plus d’éclaircissements sur ces rumeurs sur les visites des membres de la Commission Vérité et Réconciliation aux cimetières. 

Alors que l’Accord d’Arusha prévoit sa mise en place pendant la transition dirigée par l’UPRONA et le FRODEBU, la Commission Vérité et Réconciliation est créée, une dizaine d’années plus tard, le 10 décembre 2014 par le pouvoir CNDD-FDD dans des conditions controversées
Aujourd’hui, certains Burundais pensent que les conditions propices au bon fonctionnement de la CVR ne sont pas encore créées. Il y en a d’autres, comme le vice-président du FRODEBU Léonce Ngendakumana, qui estiment que la véritable CVR n'est pas encore là.

mardi 26 janvier 2021

Deux grenades explosent en silence Chez Siyoni

Crédit Photo: www.bujumburacitymarket.com

Les détonations n’ont pas fait grand bruit dans les médias. Mais les deux grenades, qui ont explosé ce vendredi dans les lieux d’aisances du marché Bujumbura City Market, communément appelé ‘’Kwa Siyoni’’ pour dire ‘’Chez Sion’’, ont emporté une vie humaine. Un ‘’agent du système’’, selon certaines sources bien informées. (Article le3mandat.blogspot.com)

Un homme déchiqueté. C’est ce que certains marchands de Bujumbura City Market ont vu dans les toilettes après l’explosion de deux grenades vendredi dans ce marché situé dans la zone Ngagara, commune Ntahangwa. C’est au Nord de la ville de Bujumbura. ‘’J’ai entendu une première explosion, puis une deuxième et je me suis couché au sol à l’intérieur de mon stand’’, raconte un marchand.

Certains marchands, qui ont pu s’approcher du cadavre en pièces, indiquent que la victime, qui portait un bonnet, n’a pas été reconnue.

La police n’a pas non plus révélé l’identité de la victime 

Dans un message partagé samedi dans un groupe Whatsapp de certains membres du gouvernement du Burundi, un membre de la police a écrit : ‘’Hier 22.01.2021, vers 16h10, en commune Ntahangwa, zone Ngagara au marché City Market dit chez Siyoni, une personne a explosé deux grenades qui ont emporté sa vie. Après le constat de l’OPJ, une autre grenade défensive qui était également dans sa poche a été saisie. Le corps a été transporté à la morgue par la protection civile appuyée par la protection civile appuyée par l’administration. Des enquêtes approfondies sont en cours’’.

Aucune sortie médiatique sur le cas. Aucun tweet, en rapport avec ces explosions de grenades en plein marché, sur le compte du ministère de l'intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique. 

Certaines hautes autorités viseraient la fermeture du marché de Sion

Certaines sources indiquent que le pouvoir de Gitega cherche un prétexte pour fermer le marché de Siyoni. Elles précisent que la victime de la déflagration était un agent du Service National de Renseignement. Mais ces sources soulignent qu’elles ne savent pas exactement ce que tentait de faire cet agent du SNR avec ces grenades mais que la finalité était la fermeture du marché. ‘’Et ce n’est pas fini. Le marché peut être fermé d’un moment à l’autre’’, insistent ces sources qui expliquent que l’homme d’affaires Sion Nikobiri n’est pas actuellement en bons termes avec les nouveaux hommes forts du régime en place. Principal motif avancé : le CNDD-FDD accuse cet homme d’affaires d’avoir financé la campagne électorale du Congrès National pour la Liberté, le CNL d'Agathon Rwasa

Le parking payant n’est plus actif ...

Certaines hautes autorités auraient obligé l’homme d’affaires à fermer le parking payant du marché Bujumbura City Market. Les bus de transport, venant du centre-ville, ne sont plus autorisés à déposer les clients au marché Chez Siyoni depuis la proclamation des résultats définitifs des élections de 2020

... et les banques ne lui accordent plus les crédits mensuels …

Certaines banques avaient l’habitude d’accorder un crédit mensuel à Sion Nikobiri. Ce dernier remboursait avec un intérêt à la fin de chaque mois. Après la proclamation des résultats définitifs des récentes élections, certaines hautes autorités auraient demandé à ces banques de ne plus lui accorder ce type de crédit. Nos sources dans certaines banques de Bujumbura affirment qu’elles n’accordent plus ce genre de crédit à Sion Nikobiri.

... et ...

Il faut rappeler que ce marché ‘’Chez Siyoni’’, qui est en danger, regroupe un grand nombre de marchands qui ont été victimes de l'incendie du marché central de Bujumbura le 27 janvier 2013.

C’est ce mercredi, 27 janvier 2021, que ces marchands célèbrent le triste anniversaire de la consumation par le feu de leurs marchandises, il y a 8 ans.


Un autre article à ne pas rater 👉 COVID-19 : Pourquoi le président Evariste Ndayishimiye "joue la transparence"? 


vendredi 15 janvier 2021

COVID-19 : Qui contraint Ndayishimiye à « jouer la transparence » ?

Lundi, 11/01/2021 Début de la Campagne de dépistage de masse à Kanyosha (Sud de Bujumbura) 

Les passagers du transport en commun portent des masques depuis jeudi, 14 janvier 2021. Les conducteurs des véhicules de transport, eux, ont l’obligation de les porter depuis mercredi. Juste avant et après la relance de la campagne de dépistage, les autorités burundaises multiplient des déclarations en faveur de la lutte contre la COVID-19. Néanmoins, les décisions prises cachent mal un souhait de visibilité sur la scène des ennemis féroces de la pandémie mondiale. C’est l’avis de certains analystes qui estiment qu’il y a une main européenne qui pousse le pouvoir de Gitega à reconnaître le virus dont il a nié l’impact depuis longtemps.

Dans son message de « vœux de bonheur et de bonne santé » à tous les Burundais au début de l’année 2021, l’Union Européenne a indiqué que la COVID-19 avait été « maîtrisée au Burundi en 2020 » mais que sa gestion « restera un défi en 2021 ». Dans ce message de nouvel an des chefs de missions de l’Union Européenne au Burundi, « les chefs de missions se réjouissent que les autorités burundaises aient saisi les occasions qui se présentaient et pris des initiatives en vue du réchauffement de leurs relations avec l’Union Européenne ».

C’est justement ce réchauffement des relations qui est en jeu. Les relations qui sont entachées par le non-respect de l'article 96 de l'accord de Cotonou depuis le début de la crise liée au troisième mandat du président de la République. Ces analystes sont convaincus qu’en plus des exigences d’amélioration du climat politique, de la bonne gouvernance ou du respect des droits de l’homme, l’Union Européenne a également obligé les autorités burundaises à être transparentes dans la gestion de la pandémie qui fait trembler le monde depuis le début de l’année 2020. 

Pourquoi l’Union Européenne ?

lundi 15 juin 2020

Burundi : un pays sans président de la République.

Pierre NKURUNZIZA ( Crédit Photo Présidence du Burundi )

Depuis le lundi dernier, le Burundi n’a pas de président de la République après la mort de Pierre Nkurunziza.
La cour constitutionnelle, qui a le pouvoir de statuer sur la continuité au haut sommet de l’Etat dans une telle circonstance, a décidé que l’intérim n’était pas nécessaire.

Dans son arrêt du 12 juin 2020, la cour constitutionnelle décide « que l’intérim n’est pas nécessaire » et « qu’il faut procéder, le plus tôt possible, à la prestation de serment du Président élu en la personne de Monsieur Evariste NDAYISHIMIYE ».

Mais en attendant l’investiture d’Evariste Ndayishimiye qui est programmé pour ce jeudi au stade

mardi 17 septembre 2019

Burundi : Pourquoi la commission d’enquête alerte-t-elle sur les élections de 2020?

La Commission d’enquête sur le Burundi présente son rapport final à la mi-journée de ce mardi à Genève. Mais avant cette présentation attendue à la 17ème réunion de la 42ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la Commission d’enquête a déjà alerté sur d’éventuelles violations des droits de l’homme liées au processus électoral en cours.
Publié par la Radio Publique Africaine
‘’Nous disons à la communauté internationale de ne pas seulement enquêter sur ce qui est fait mais il faut aussi prendre les mesures, avoir les instruments, pour éviter que ça se fasse. », a déclaré le président de la Commission d’enquête sur le Burundi, dans la conférence de presse de ce jeudi, pour expliquer le rôle des huit facteurs de risque évoqués dans le nouveau rapport.
L’insécurité et l’instabilité socio-politique, la faiblesse des structures étatiques en particulier le système judiciaire, et