mercredi 6 décembre 2017

Dialogue inter-burundais : Les grands absents d’une bataille disproportionnée.

Pierre Buyoya et Roi Abdallah II en Jordanie






Face à l’arrogance du gouvernement burundais, il est irréaliste de penser que ‘’l’opposition’’ fera le poids, pour le moment, indique un expert présent dans la ville tanzanienne. Arusha II aura la spécialité de n’avoir pas pu rassembler les vrais protagonistes autour d’une vraie table de négociation, poursuit l’expert.



L’Eglise Catholique ‘’n’a pas été invitée’’

        Les représentants de l’église catholique burundaise n’ont pas mis les pieds à Arusha pour cette quatrième session du dialogue inter-burundais. La plus importante confession religieuse du pays n’aurait pas reçu une invitation formelle. 
La médiation se serait contentée de l’inviter d’une manière verbale en passant par une tierce personne. 
        Cette attitude de la médiation n’aurait pas plu à la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi.

Le cercle des ‘’sages’’ n’est pas au complet

        La dernière semaine des pourparlers vient de démarrer sans que Pierre Buyoya apparaisse. L’ancien président de la troisième république et du gouvernement de transition a joué un rôle clé dans les négociations d’Arusha I. 
Même si il a actuellement d’autres chats à fouetter au Mali, le ‘’Major ‘’ Pierre Buyoya pourrait énormément contribuer dans ces pourparlers qui, apparemment, manquent d’allure, déplorent un participant. 
        Après une retraite à Aqaba en Jordanie avec le Roi Abdullah II au nom du Président de la Commission de l’Union Africaine, le Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel a partagé sur son compte Twitter, il y a quelques heures, qu’il venait de participer aux travaux de la 22ème session du Comité de Suivi de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali.  

Certains observateurs parient qu’il est improbable qu’il participe à la fin des pourparlers qu’il a boudés dès le début.
        
        A l’absence de leur homologue, les deux anciens présidents, Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, qui ont, tous les deux, dirigé le pays pour le compte du parti FRODEBU, pourraient être les seuls à jouer les sages aux côtés des médiateurs.

Le CNARED peine à impressionner la médiation

        Depuis l’étape des consultations, le Conseil National pour le respect de l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et de l'Etat de Droit n’a jamais été convié aux discussions comme une seule entité. 
La médiation a l'habitude d’inviter certains partis de cette coalition pour satisfaire la volonté du pouvoir de Bujumbura qui ne la reconnaît pas. 
        Le rejet de cette plateforme de l’opposition provoque pourtant l’absence d’importantes contributions des Frondeurs en provenance du CNDD-FDD (les anciens membres du parti au pouvoir qui ont fui le pays parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec la décision de Pierre Nkurunziza de briguer le 3ème Mandat), des membres du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie pour ne citer que les deux formations politiques.

Les groupes armés complètement ignorés

        Malgré la promesse de la médiation, les groupes armés n’ont jamais été invités dans les pourparlers inter-burundais. 

Dans une correspondance adressée au médiateur, les Forces Populaires du Burundi (FPB) lui ont annoncé qu’elles ne se sentiront pas engagées par les conclusions issues d’un processus non inclusif. 


De son côté, le président du parti FNL, qui a une branche armée, indique qu’il ne peut pas répondre à l’invitation aussi longtemps que la Communauté Est-Africaine se chargera de la médiation. 
Selon Isidore Nibizi, la sous-région est partiale et par conséquent, un autre pays africain doit prendre la relève pour espérer la participation de toutes les parties au conflit. 

La Société Civile réclame un dialogue impartial et inclusif

        La plupart des organisations et alliances de la société civile qui ont dit ''non'' à l'invitation de Mkapa sont les mêmes qui ont appelé la population à descendre dans les rues pour protester contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza en 2015. 

Dans une correspondance adressée au médiateur, l'ACAT-Burundi et sa campagne SOS Torture, l'APRODH, le CAVIB, la CB-CPI, la COSOME, le FOCODE, le FORSC, le GRADIS, la Ligue ITEKA, le MFFPS, le RCP, l'UBJ, le BCAM, le FODIB, l'ABC et le BCT réclame ''un dialogue véritablement neutre, impartial et inclusif mené en toute sécurité, sérénité et confiance.''
Un petit communiqué du facilitateur promettant la sécurité aux participants n'a pas suffi pour convaincre ces organisations de la société civile de se rendre à Arusha.

Certains analystes indiquent que le boycott de ces organisations de la société civile constitue un coup dur à la médiation étant donné que ces organisations comptent parmi d'incontournables acteurs qui ont vu naître la crise actuelle. 


Le gouvernement du Burundi a négligé le dialogue

        Le fait d’envoyer un assistant du ministre de l’intérieur dans ces pourparlers montre que le pouvoir de Bujumbura porte peu d’importance à cette rencontre d’Arusha selon certains analystes. Ceci signifie qu'aucune décision importante ne peut être prise par la délégation gouvernementale, expliquent ces analystes. 
        Selon eux, l’envoyé Thérence Ntahiraja attend la fin de la promenade de santé pour regagner la capitale burundaise avec les nombreux leaders des partis et organisations pro-gouvernementaux.



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