mardi 8 mars 2016

Burundi: Que le candidat au poste d'Ombudsman lève la main!


Mohammed Rukara Khalfan prête serment devant le Parlement réuni au palais des congrès de Kigobe le 23 novembre 2010

        
        C’est de cette façon que s’est exclamé en rigolant un burundais lorsque l’on a évoqué l’éventuel rôle de cette institution dans le conflit burundais lié au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, quelques mois avant la fin du mandat du médiateur burundais. 

Le patron de l’institution Mohammed Rukara Khalfan vient de passer environ une année à l’étranger loin de la grogne du peuple burundais qu’il avait pourtant
juré de défendre.

        Absent au Burundi quelques jours avant même l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza au 3ème mandat, l’Ombudsman burundais Mohammed Rukara n’était pas rentré de sa mission de travail en mi-avril 2015. 
Le médiateur burundais était tombé malade et devait se faire soigner en Europe, disait son bureau.

Mais d’ores et déjà certains burundais avaient évoqué une désertion de l’homme qui avait dénoncé par le passé un plan de son élimination physique. 
« Le médiateur burundais a décidé d’assister de loin les tractations sur le troisième mandat du Président de la République et surtout ne pas avoir à se prononcer officiellement sur le sujet. », disait un des politiques burundais.

        Et pourtant, même si il ne précise pas le délai à attendre, l’article 9 de la loi portant organisation et fonctionnement de l’ombudsman indique, à l’alinéa 2, que l’Assemblée Nationale peut mettre fin aux fonctions de l’ombudsman à la majorité des trois quarts de ses membres lorsque son état de santé compromet gravement l’exercice de sa fonction et après avis d’une commission médicale désigné par le Ministre ayant la Santé dans ses attributions ; sur demande du Bureau de l’Assemblée Nationale.

Cependant, contrairement à cette institution de l’ombudsman mise en place en 2010 par une assemblée nationale moins contestée, l’actuelle assemblée nationale est jugée illégale par l’opposition, une partie des membres du CNDD-FDD et la société civile burundaise; ainsi tout ce qu’elle adopte est jugé par conséquent sans valeur par cette partie de la population qui lutte bec et ongles pour ce qu’elle appelle « le respect de la constitution et des accords d’Arusha ».

        Toutefois, certains burundais accusent le médiateur Mohammed Rukara d’avoir fui ses responsabilités au moment où la population avait énormément besoin de lui. Ils rappellent l’article 6 relatif aux missions de l’ombudsman qui précise que l’Ombudsman a les missions d’examiner les plaintes et de mener les enquêtes concernant les fautes de gestion et les violations des droits de l’homme commises par des agents de la fonction publique, du service judiciaire, des collectives locales, des établissement publics et de tout organisme investi d’une mission de service public ; et de faire des recommandations à ce sujet aux autorités compétentes. « Il pouvait nous aider un peu dans la période actuelle même si il n’a pas la qualité d’OPJ ! L’institution est malheureusement en vacances !», s’est lamenté un habitant de Bujumbura. 

        Le mandat non renouvelable de 6 ans de l’Ombudsman du Burundi Mohammed Rukara Khalfan (membre du Comité des Sages du parti CNDD-FDD) expire en novembre 2016.   

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