vendredi 23 février 2018

Le facilitateur dans le conflit burundais jette l’éponge


Nommé au cours du Sommet du 2 mars 2016, le facilitateur dans la crise burundaise a annoncé son intention de se retirer en marge d’un autre Sommet des Chefs d’Etats de l’EAC prévu ce vendredi. Au bout de presque deux années, William Benjamin Mkapa aura souflé le chaud et le froid dans la recherche de la solution à la crise burundaise.

L’information sur son souhait de démissionner est tombée ce jeudi alors que les Chefs d’Etats de la Communauté Est-Africaine sont à Kampala pour une retraite qui a débuté mercredi. Au cours de cette retraite qui précède le Sommet de vendredi, les Chefs d’Etats et d’autres représentants des gouvernements et organisations débattent sur le développement d’infrastructures et du domaine de la santé dans la sous-région.

Alors qu’on attendait sa présentation du rapport sur le dialogue inter-burundais au début du Sommet,

vendredi 8 décembre 2017

Convergences divergentes d’Arusha II








Les points divergents et convergents des protagonistes d’Arusha occupent presque tout le document présenté par le facilitateur ce jeudi. Cependant, la plupart de ce qui est considéré comme convergence se retrouve de l’autre côté comme divergence.

        
        La reconnaissance des droits politiques, économiques et sociaux de tous les burundais est présentée par Benjamin William Mkapa comme un point sur lequel les participants aux pourparlers sont convergents. 
Mais de l’autre côté, au niveau des points divergents, figure l’application et respect des libertés fondamentales des individus et des groupements légalement enregistrés, comme la liberté d’association, de réunion, d’expression et de circulation. 

Etonné, un analyste estime qu’il n’y a aucune différence entre les deux points. ‘’C’est absurde

mercredi 6 décembre 2017

Dialogue inter-burundais : Les grands absents d’une bataille disproportionnée.

Pierre Buyoya et Roi Abdallah II en Jordanie






Face à l’arrogance du gouvernement burundais, il est irréaliste de penser que ‘’l’opposition’’ fera le poids, pour le moment, indique un expert présent dans la ville tanzanienne. Arusha II aura la spécialité de n’avoir pas pu rassembler les vrais protagonistes autour d’une vraie table de négociation, poursuit l’expert.



L’Eglise Catholique ‘’n’a pas été invitée’’

        Les représentants de l’église catholique burundaise n’ont pas mis les pieds à Arusha pour cette quatrième session du dialogue inter-burundais. La plus importante confession religieuse du pays n’aurait pas reçu une invitation formelle. 
La médiation se serait contentée de l’inviter d’une manière verbale en passant par une tierce personne. 
        Cette attitude de la médiation n’aurait pas plu à la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi.

Le cercle des ‘’sages’’ n’est pas au complet

        La dernière semaine des pourparlers vient de démarrer sans que Pierre Buyoya apparaisse. L’ancien président de la troisième république et du gouvernement de transition a joué un rôle clé dans les négociations d’Arusha I. 
Même si il a actuellement d’autres chats à fouetter au Mali, le ‘’Major ‘’ Pierre Buyoya pourrait énormément contribuer dans ces pourparlers qui, apparemment, manquent d’allure, déplorent un participant. 
        Après une retraite à Aqaba en Jordanie avec le Roi Abdullah II au nom du Président de la Commission de l’Union Africaine, le Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel a partagé sur son compte Twitter, il y a quelques heures, qu’il venait de participer aux travaux de la 22ème session du Comité de Suivi de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali.  

Certains observateurs parient qu’il est improbable qu’il participe à la fin des pourparlers qu’il a boudés dès le début.
        
        A l’absence de leur homologue, les deux anciens présidents, Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, qui ont, tous les deux, dirigé le pays pour le compte du parti FRODEBU, pourraient être les seuls à jouer les sages aux côtés des médiateurs.

Le CNARED peine à impressionner la médiation

        Depuis l’étape des consultations, le Conseil National pour le respect de l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et de l'Etat de Droit n’a jamais été convié aux discussions comme une seule entité. 
La médiation a l'habitude d’inviter certains partis de cette coalition pour satisfaire la volonté du pouvoir de Bujumbura qui ne la reconnaît pas. 
        Le rejet de cette plateforme de l’opposition provoque pourtant l’absence d’importantes contributions des Frondeurs en provenance du CNDD-FDD (les anciens membres du parti au pouvoir qui ont fui le pays parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec la décision de Pierre Nkurunziza de briguer le 3ème Mandat), des membres du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie pour ne citer que les deux formations politiques.

Les groupes armés complètement ignorés

        Malgré la promesse de la médiation, les groupes armés n’ont jamais été invités dans les pourparlers inter-burundais. 

Dans une correspondance adressée au médiateur, les Forces Populaires du Burundi (FPB) lui ont annoncé qu’elles ne se sentiront pas engagées par les conclusions issues d’un processus non inclusif. 


De son côté, le président du parti FNL, qui a une branche armée, indique qu’il ne peut pas répondre à l’invitation aussi longtemps que la Communauté Est-Africaine se chargera de la médiation. 
Selon Isidore Nibizi, la sous-région est partiale et par conséquent, un autre pays africain doit prendre la relève pour espérer la participation de toutes les parties au conflit. 

La Société Civile réclame un dialogue impartial et inclusif

        La plupart des organisations et alliances de la société civile qui ont dit ''non'' à l'invitation de Mkapa sont les mêmes qui ont appelé la population à descendre dans les rues pour protester contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza en 2015. 

Dans une correspondance adressée au médiateur, l'ACAT-Burundi et sa campagne SOS Torture, l'APRODH, le CAVIB, la CB-CPI, la COSOME, le FOCODE, le FORSC, le GRADIS, la Ligue ITEKA, le MFFPS, le RCP, l'UBJ, le BCAM, le FODIB, l'ABC et le BCT réclame ''un dialogue véritablement neutre, impartial et inclusif mené en toute sécurité, sérénité et confiance.''
Un petit communiqué du facilitateur promettant la sécurité aux participants n'a pas suffi pour convaincre ces organisations de la société civile de se rendre à Arusha.

Certains analystes indiquent que le boycott de ces organisations de la société civile constitue un coup dur à la médiation étant donné que ces organisations comptent parmi d'incontournables acteurs qui ont vu naître la crise actuelle. 


Le gouvernement du Burundi a négligé le dialogue

        Le fait d’envoyer un assistant du ministre de l’intérieur dans ces pourparlers montre que le pouvoir de Bujumbura porte peu d’importance à cette rencontre d’Arusha selon certains analystes. Ceci signifie qu'aucune décision importante ne peut être prise par la délégation gouvernementale, expliquent ces analystes. 
        Selon eux, l’envoyé Thérence Ntahiraja attend la fin de la promenade de santé pour regagner la capitale burundaise avec les nombreux leaders des partis et organisations pro-gouvernementaux.



vendredi 1 décembre 2017

Arusha II : Coup d’envoi acrobatique des pourparlers inter-burundais.




        L’absence de certains éléments clés risque, à coup sûr, de faire capoter cette rencontre d’Arusha qui est, elle-même, organisée à la sauvette. Même si presque toutes les parties présentes se retrouvent dans l’agenda proposé par les médiateurs, les protagonistes burundais risquent de ne pas trouver un terrain d’entente dans la semaine qui leur reste.

        Après un démarrage plein d’incertitude, les médiateurs ont finalement décidé que le lancement officiel de ce quatrième round des pourparlers soit effectué mardi malgré les désaccords sur les points à l’ordre du jour. C’est cet agenda qui, d’ailleurs, avait bloqué la poursuite de cette rencontre dès le premier jour.

La plus forte des parties décidée à protéger tous ses intérêts

        ''Personne ne peut nier que c'est le pouvoir de Pierre Nkurunziza qui tient les ficelles jusqu'ici'', indique une source présente à Arusha. Toutefois, la Cour Pénale Internationale évoquée par les représentants du gouvernement burundais, juste au début, montre que le pouvoir de Bujumbura redoute encore la justice internationale malgré ses discours d’apaisement adressés à la population, poursuit-elle. 
Ainsi, les autorités burundaises voudraient que ce point soit également discuté lors de ces pourparlers malgré qu’il ne figure nulle part sur l’agenda.

Pour le pouvoir de Pierre Nkurunziza, l’idée du gouvernement d’union nationale, qui figure également sur l’agenda, est insensée. Selon certaines sources, certains membres de l’opposition, qui le veulent, peuvent obtenir quelques postes au sein du gouvernement mais il n’est pas question de partage équitable du pouvoir.  

Les négociations se sont transformées en travaux en groupes selon les affinités

Les travaux en groupes ne vont apporter rien de nouveau par rapport aux consultations éternelles organisées par la médiation depuis deux années, indiquent certains observateurs. 
Cependant, l’Accord d’Arusha I que le gouvernement ne veut pas entendre parler et la Constitution qui est sur le point d’être révisée par le même gouvernement sont les principaux points qui ont provoqué la création des cinq groupes de participants. 
Cela dit, toutes les parties ne sont pas présentes à Arusha.

Les grandes absences difficiles à gérer

        Un petit communiqué du bureau du facilitateur, signalant que la sécurité est garantie pour tous les participants, n’a pas suffi, pour le moment, pour convaincre le CNARED et la Société civile d’accorder une certaine importance à ces pourparlers. 
La plus importante plateforme de l’opposition et les organisations qui ont, en grande partie, appelé la population à contester le troisième mandat de Pierre Nkurunziza dans les rues en 2015 estiment qu’elles ont été négligées par les médiateurs. 
Le CNARED n’a jamais été invité comme une entité à part depuis le début du dialogue pour éviter que le gouvernement boycotte le processus. 
Il y a aussi des membres du CNARED et de la société civile qui ne peuvent pas être invités par les médiateurs parce qu’ils sont recherchés par des mandats d’arrêt émis par Bujumbura. 

Certains experts expliquent que l’absence de ces incontournables parties au conflit est l’un des obstacles majeurs de l’aboutissement de ces pourparlers. 

Les représentants des groupes armés font également partie des grands absents dans ces pourparlers malgré les promesses de la médiation. Mais certaines sources estiment que, pour le moment, la force de frappe de ces groupes rebelles est trop faible pour être associée à cette importante rencontre.

La mise en commun du week-end
      
        Certains experts expliquent que la mise en commun des propositions prévue ce vendredi ne va pas donner grand-chose. Certains points de discorde entre les différents groupes ne vont pas favoriser un terrain d’entente, pas pour le moment en tout cas, indiquent certains observateurs.


        Les protagonistes burundais ont encore une semaine devant eux pour finaliser cette rencontre qui, selon certains, est partie sur de mauvaises bases. 

vendredi 24 novembre 2017

L’EAC saisie : ‘’Que justice soit faite pour les musulmans emportés par le pouvoir de Pierre Nkurunziza !’’








Les noms de certains politiques assassinés dans la crise du troisième mandat de Pierre Nkurunziza figurent sur la liste dans la correspondance adressée à la Communauté Est-Africaine ce vendredi. L’auteur de la correspondance a choisi d’être représenté par un groupe d’avocats basés à Kampala en Ouganda.

         La correspondance du burundais Djuma Zuberi cite certains politiques burundais assassinés depuis le début de la crise liée au troisième mandat au Burundi en avril 2015. L’ancienne députée de l’East African Community Hafsa Mossi abattue par balles tout près de chez elle le 13 juillet 2016, l’ancien Président du parti UPD-Zigamibanga Zedi Feruzi assassiné par balles le 23 mai 2015 au lendemain de son discours galvanisant contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza ainsi que l’Imam Athuman Shaban brûlé vif dans sa voiture dans le quartier de Kinindo en 2015. Selon Djuma Zuberi, la justice burundaise n’a rien fait jusqu’ici pour identifier et juger les coupables.

Pourquoi plaider uniquement pour les musulmans

        Représenté par le groupe d’avocats de la sous-région Madiinah and Co. Advocates, Djuma Zuberi estime qu’à part les dossiers similaires comme ceux relatifs aux assassinats perpétrés par le pouvoir en place depuis le début de la contestation du troisième mandat de Pierre Nkurunziza, les musulmans sont souvent négligés ou ne sont pas tout simplement traités au même pied d’égalité que d’autres burundais. Djuma Zuberi accuse certains leaders de la communauté islamique du Burundi d’être complices du gouvernement en place dans ce qu’il appelle bafouement des droits des musulmans. A titre d’exemple, il donne également l’exemple du chef religieux Congera Hamza tué par balles par des gens suspectées d’être des agents du Service National de Renseignement à l’aube du 9 décembre 2010 dans la zone de Buyenzi en Mairie de Bujumbura alors qu’il se rendait à la mosquée. La vérité sur l’assassinat de cet imam qui ne mâchait pas ses mots n’est toujours pas connue, explique Djuma Zuberi. 

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'’Je suis musulman et je plaide pour les droits des musulmans. Quoi de plus normal !’’, réplique Djuma Zuberi à la question de savoir si son initiative ne vient pas créer des divisions au sein de la population burundaise.

        Djuma Zuberi indique que cette correspondance au secrétaire général de l’East African Community n’est que le début d’un long plaidoyer plus détaillé qu’il compte mener en collaboration avec ses avocats du groupe Madiinah and Co. Advocates.


Le but de cette première correspondance, selon le groupe Madiinah and Co. Advocates, est d’inciter la Communauté Est-Africaine dont fait partie le Burundi,  à forcer les autorités de ce pays d’honorer les traités et juger les auteurs des crimes contre les musulmans.