vendredi 28 mai 2021

Concours national : On ne touche pas à l’enfant de « l’ambassadeur » qui triche

Ce mercredi, 26 mai 2021, un élève est attrapé en possession d’une grille de correction en pleine passation du concours national qui donne accès à l'enseignement post-fondamental. Mais, l’enseignant, qui confisque ses copies et l’expulse de la salle, remarque enfin que ce n’est pas un élève comme les autres. C’est, en fait, le fils de l’ancien ministre de l’éducation nationale et de la recherche scientifique.

Alors que l’on entame le second jour de passation du concours national de la neuvième année au Burundi, une fille est contrainte de sortir de l’une des salles du Centre du Lycée SOS GH et ses copies sont déchirées. Elle est accusée par un enseignant d’avoir jeté un coup-d’œil sur les copies d’un autre élève dans la classe. Un autre cas, qui semble plus grave que le premier, se présente ensuite dans la même matinée de mercredi. Un élève possède une grille de correction de l’épreuve-langue 2 (Anglais-Swahili). L’enseignant le surprend entrain de regarder sur la grille en question. L’enseignant confisque ses copies et oblige l’élève à sortir de la classe selon les sources sur place.

C’est le fils de Gaspard Banyankimbona !

Une trentaine de minutes plus tard, six policiers en tenues de l’Appui à la Protection des Institutions ‘’API’’ font irruption au Lycée SOS. Ils se retirent avec l’enseignant et discutent pendant quelques minutes devant la salle où se tiennent debout la fille qui aurait jeté un coup-d’œil sur les copies de ses pairs et le fils de l’ancien ministre Gaspard Banyankimbona qui avait une grille de correction dans la main.

L’enseignant lâche prise

Nos sources ne connaissent pas le contenu des discussions entre les policiers et l’enseignant mais ces échanges aboutissent à la reprise de la passation du concours par l'élève alors que la plupart de ses pairs sont entrain de rentrer à la maison après avoir terminé, au bout du temps réglémentaire, les épreuves de Langue 2 et de Mathématiques. 

L’enseignant accorde aussi à l’élève les trente minutes perdues dehors. Ce qui fait que le fils de l’ancien ministre continue de faire le concours seul en classe pendant que l’enseignant le surveille. 

Le père de l'enfant privilégié est, depuis le 13 avril 2021, le patron de l'Inter-University Council for East Africa, l'une des institutions de la Communauté Est-Africaine. Il venait d'être remplacé au poste de ministre de l'éducation nationale et de la recherche scientifique qu'il occupait depuis le 28 juin 2020.

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mardi 11 mai 2021

Pourquoi le SNR revendique-t-il l'assassinat d'un officier de l’armée burundaise ?

Ce dimanche, 9 mai 2021, plusieurs véhicules sont tombés dans une embuscade des hommes armés à proximité du chef-lieu de la province Muramvya. Au moins 8 personnes dont un officier de la Force de Défense Nationale du Burundi ont été tuées et la plupart des véhicules ont été incendiés. Une organisation qui se baptise LOPADA ARMY semble revendiquer le massacre. (Info Le Mandat)

Dans l'un de ses récents tweets, environ vingt-quatre heures après l’attaque qui a emporté une dizaine de vies humaines à Muramvya, LOPADA ARMY déclare qu’elle « va attaquer encore une fois pour conquérir le pays ». Cette organisation, qui se baptise Official Light of Promise and Delivery Army, rappelle ainsi ses anciens tweets. “Nous avions annoncé, il y a quelques jours, la façon dont les Hommes et Femmes de notre Armée rebelle ont déjà commencé le processus de déloger le gouvernement burundais ».

Qui sont les leaders de la "LOPADA ARMY" ?

Official Light of Promise and Delivery Army ou LOPADA ARMY rejoint Twitter dans ce mois de mai en cours. L’un de ses premiers tweets du 2 mai 2021 annonce les dirigeants de ce « groupe rebelle ». 

Col. Prosper Ndikuriyo (1)

Il réside en Ouganda et opère comme agent du Service National de Renseignement du Burundi selon des sources bien informées.

Louis Mashengesho (2)

Son vrai nom c'est Louis Nzokira surnommé Makuta. Il réside également en Ouganda selon nos sources qui soulignent que c'est un vieil homme de 86 ans. Louis Nzokira est un ancien officier de la police burundaise. Il aurait également été recruté par le Service National de Renseignement du Burundi selon nos sources.

Gen. Zakaria Bizimana (3) et Vincent Kamwenubusa (6)

Nos sources indiquent qu'elles n'ont, pour le moment, aucune information sur ces deux noms.

Maj. Paul Burakeye (4)

Son nom complet c'est Jean Paul Burakeye. L'année passée, il se rapatrie au Burundi au sein de la délégation dirigée par le président du CDP Anicet Niyonkuru. Il est d'ailleurs nommé Commissaire National Adjoint à la jeunesse du CDP (Conseil Des Patriotes) le 4 février 2020. C'est l'homme en bleu, à droite, sur ce tweet qui parle de sa nomination. 

Jean Paul Burakeye est actuellement au Burundi selon nos sources. Il aurait même repris sa fonction d'enseignant à Karuzi, sa province d'origine. Il est également agent du Service National du Burundi selon toujours nos sources.

Capt. Innocent Nduwamahoro (5) 

C'est le petit frère de Jean Paul Burakeye selon nos sources.

Tous ces agents de la documentation burundaise, qui semblent confirmer leur participation dans l'assassinat d'un officier de l'armée burundaise, collaborent avec l'ambassade du Burundi en Ouganda selon nos sources. 

Les circonstances de l'assassinat de Lieutenant Colonel Onesphore

Lieutenant Colonel Onesphore Nizigiyimana était parmi une dizaine de personnes assassinées sur la route Muramvya-Bujumbura dans la nuit de dimanche. Certaines sources affirment que ses deux garde du corps auraient également péri dans l'attaque. Au cours de cette attaque perpétrée à environ cinq kilomètres du chef-lieu de la province Muramvya, une dizaine de personnes ont été tuées par balles ou incendiées dans leurs véhicules. Même si rien n'a été dérobé par ces hommes armés, le Ministère de l'Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique déclare qu'il s'agit d'un vol à main armée dans un tweet publié après l'attaque.

Avant son départ pour une visite officielle en Ouganda, le président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye a mis en garde les auteurs de l'embuscade de Muramvya. "Nous sommes attristés par les voleurs qui nous ont endeuillés encore une fois. Les tentations ne cesseront jamais mais malheur aux responsables de ces tentations. Tous les malfaiteurs doivent être anéantis. Hommage aux familles éprouvées." 

Jusqu'ici, seuls ces agents du Service de Renseignement du Burundi réunis au sein de la "LOPADA ARMY" semblent revendiquer l'assassinat d'une dizaine de personnes à Muramvya dont le lieutenant colonel Onesphore Nizigiyimana qui a servi à la Mission d'Assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM), à la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) et à la Force en Attente de l'Afrique de l'Est (EASF).  

vendredi 16 avril 2021

La chasse au Statut A : De quel arsenal dispose la CNIDH ?

Sixte Vigny Nimuraba, président de la CNIDH, au Parlement, le 13/04/2021

La Commission des Droits de l’Homme du Burundi n’a pas tenu longtemps avant d’avouer publiquement qu’elle sollicite le Statut A auprès des organes habilités depuis deux mois. C’est son président qui a confirmé le dépôt de la requête devant les députés ce mardi. Sixte Vigny Nimuraba était entrain de présenter le rapport annuel de la Commission dont l’indépendance est mise en question par les Nations Unies. (Info Le Mandat)

La CNIDH a clôturé 184 saisines alors que 120 autres sont en cours parce qu’elles présentent une complexité et font encore objet de suivi, a précisé Sixte Vigny Nimuraba lors de la présentation de ce rapport qui parle d’un total de 304 saisines d’allégations de violations des droits de l’homme reçues par la Commission au cours de l’année 2020. La Commission, qui déplore le sureffectif au sein des maisons carcérales, a visité 189 cachots et 10 prisons dans le pays selon Sixte Vigny Nimuraba. ‘’Après investissement dans des investigations poussées, la Commission a retenu 4 cas d’allégations de tortures durant l’année sous étude et ces cas ont été soumis au ministère public pour traitement’’, a également souligné le président de la CNIDH. Mais son rapport est de loin très léger, comparé aux autres rapports produits par des organisations qui opèrent dans ce secteur des droits de l’homme.

L’APRODH et le FOCODE parlent d'assassinats et de disparitions forcées en 2020

Le président de la CNIDH ne mentionne pas, par exemple, le cas de Pascal Ninganza, surnommé Kaburimbo, assassiné pourtant en avril 2020 par les forces de défense et de sécurité burundaises, sa tête ayant été mis à prix par l’ancien président du sénat qui est actuellement le secrétaire général du parti au pouvoir, CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo. L’assassinat de cet ancien officier de l’armée régulière et ceux de ses deux employés ont été qualifiés d'exécutions extra-judiciaires par l'Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues. Dans son rapport sur l'année 2020, l’APRODH parle d’au moins 8 cas d’exécutions extra-judiciaires, de plus de 1560 arrestations et détentions arbitraires, et d’au moins 85 enlèvements ou disparitions forcées dont la plupart des auteurs présumés sont des forces gouvernementales et les miliciens imbonerakure. 

De son côté, dans sa campagne Ndondeza, le FOCODE évoque plusieurs disparitions forcées dont celles de Laurent Nicayenzi, d'Arcade Butoyi et Alawi Niyonkuru et d'Anicet Ndayishimiye

Des Jalouses et des Rivales

C'est de cette façon que Sixte Vigny Nimuraba qualifie les personnes et les organisations qui produisent des rapports contraires à ceux de la CNIDH. Le président de la CNIDH a déclaré ce qu'il pense d'elles devant les députés ce mardi, 13 avril 2021.

"Je ne sais pas exactement ce qui pousse ces gens à sortir des rapports pareils. Mais au niveau de la Commission, nous sommes dans une période exceptionnelle. Une période exceptionnelle parce que je peux vous dire qu’en février, nous avons déposé notre dossier pour réclamer le Statut A. Pour atteindre le Statut A, nous devons démontrer que nous sommes aujourd’hui indépendants à travers nos activités. C’est ce qui pousse ces gens à contredire nos rapports pour nous empêcher d’avancer. Deuxièmement, n’oublions pas que nous avons les mêmes bailleurs avec certains de ces gens qui font ces rapports. Donc, quand la commission travaille convenablement à la satisfaction de ses partenaires, vous savez qu’il y a certaines ambassades qui ont commencé à nous accorder des financements, c’est une perte pour ces personnes-là parce qu’elles ont également besoin de ces financements. Autre chose, vous savez qu’actuellement, l’Union Européenne est entrain de dialoguer avec le Burundi. Ce dialogue donne un avantage à la Commission, ça nous permet d’avoir une base pour faire nos requêtes. Donc, si ces gens ne parvenaient pas à produire des rapports pouvant inciter l’Union Européenne à ne pas dialoguer avec le Burundi, ça les affaiblirait." 

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L'examen de la requête de la CNIDH

Il est prévu que le Sous-Comité d'Accréditation de l'Alliance Mondiale des Institutions Nationales des Droits de l'Homme examine la demande de réaccréditation du Burundi au mois de juin prochain. 

Le Sous-Comité d'Accréditation examinera, sans doute, si la CNIDH "fait preuve d'indépendance dans la pratique et d'une volonté de s'attaquer aux problèmes urgents des droits de l'homme", l'un des critères remis en question pour cette Commission Burundaise des Droits de l'Homme. 

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lundi 12 avril 2021

La RPA, cette radio qui a choisi de résister, est de retour


Fermée d’une manière brusque le 24 mars dernier, la Radio Publique Africaine vient de reprendre ses programmes ce lundi, 12 avril 2021. Cette radio, qui diffuse actuellement ses programmes sur son Site Web, sa page Facebook, son compte Twitter et son compte YouTube, a fait face à de nombreux défis depuis son premier programme en live le 5 mars 2001.

Cette radio qui se focalise beaucoup sur l'investigation a été incomprise par certaines autorités politiques dès son jeune âge au Burundi surtout que "la Voix des Sans Voix" accorde la parole à la parole à la population de base avant de remonter jusqu’au sommet de l’Etat.

Détruite à l'arme lourde par le régime CNDD-FDD à l'aube du 14 mai 2015, la RPA avait repris ses programmes en exil le 5 octobre 2015, après la création de la Radio Inzamba par l’ensemble des journalistes burundais en exil le 10 juillet de la même année.

Après l’interruption de tous les programmes de la Radio Publique Africaine, la Radio Inzamba et la Télévision Renaissance le 24 mars 2021, la RPA est de retour ce 12 avril 2021. Elle vient de diffuser ses Journaux en langues Française et Kirundi.  

Quelques réactions partagées par les journalistes

"Toutes mes félicitations pour la stratégie de résilience de haut niveau."

"C'est très émouvant."

"Congrats!!! Ashiiiiiiii! Twagira tugwe muri déprime! Abarundi bati Warapfunywe ntiwapfuye!!!"

"Ca fait chaud au coeur. Félicitations."

"Merci beaucoup pour le travail abattu pour nous ressusciter."

"L'indicatif me manquait. Très nostalgique. En tout cas merci. Abo nahora mpa amakuru baranshimiye on dirait niko Directeur wa RPA 😂" 

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lundi 5 avril 2021

Retour de la vraie PARCEM ou ‘’Mchezo wa ndani’’ ?

Le président de la PARCEM a invité les journalistes, ce lundi, pour leur annoncer la décision du gouvernement burundais de lever les sanctions imposées à cette organisation depuis presque deux ans. Faustin Ndikumana a appelé le gouvernement à poursuivre sur cette lancée pour renforcer la cohésion sociale des Burundais. (Info Le Mandat)

Il faut que personne ne soit écarté, a déclaré le président de l’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités ‘’PARCEM’’. Faustin Ndikumana a demandé au gouvernement du Burundi de lever les sanctions imposées à tort ou à raison à d’autres organisations.

Faustin Ndikumana estime que les dirigeants actuels du Burundi, principalement le président de la République, naviguent dans la même direction que la PARCEM en mettant en avant le renforcement de la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et le décollage économique. ‘’Nous sommes ravi parce que cette levée de suspension est une aubaine pour donner nos contributions à cette nation’’. Le président de l’organisation PARCEM a indiqué qu’après la levée des sanctions par le ministère de l’intérieur à travers l’ordonnance du 2 avril 2021, il allait se concentrer principalement sur les solutions à apporter aux défis qui hantent le pays.

L’Organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités, PARCEM, a été suspendue à deux reprises depuis 2015. En fin novembre 2015, la PARCEM et 9 autres organisations de la société civile burundaise (FORSC, FOCODE,ACAT-Burundi, APRODH, AMINA, FONTAINE-ISOKO, SPPDF, RCP, MAISON SHALOM) ont été provisoirement suspendues pour "avoir déclenché le mouvement insurrectionnel en date du 26 avril 2015".

Le 25 mars 2016, seule la PARCEM a bénéficié de la levée de suspension pour ensuite être provisoirement suspendue le 3 juin 2019 pour "avoir terni l'image du pays et de ses dirigeants dans le but de troubler la paix et l'ordre public" selon l'ordonnance ministérielle.

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Vous ne pensez pas que la PARCEM peut être suspendue de nouveau ?

Je ne peux pas m’y attarder parce que je ne le souhaite pas. Et je n’imagine pas un tel scénario.

Est-ce que vous n’allez pas relâché dans vos activités pour éviter une autre suspension ?

Des fois, il y a des principes sur lesquels l’on travaille et qui ne changent pas. Vous savez, les secteurs d’interventions de la PARCEM c’est la bonne gouvernance, le développement économique. On a toujours sorti des analyses. On a toujours sorti des contributions. Des analyses critiques sur des événements, des faits qui se produisent dans le pays, surtout dans ces deux secteurs. Je ne crois pas que l’on ait changé notre mode de travail ou que l’on va le changer pour bientôt. Je ne crois pas. Les principes sur lesquels l’on travaille sont assez clairs et ne changent pas.

Il y en a qui estiment que le gouvernement avait suspendu la PARCEM juste pour tromper les observateurs externes, ‘’mchezo wa ndani’’ comme l’on dit, mais qu’en réalité, la PARCEM actuelle est téléguidée par le régime CNDD-FDD, contrairement à la PARCEM d’avant l’éclatement de la crise de 2015. Qu’en dites-vous ?

Les esprits qui pensent de cette façon, moi, je les qualifie d’égarés. Ce sont des esprits égarés. Manifester une telle considération, pour moi, c’est une considération stupide. Comment peut-on dire qu’une organisation peut aller demander sa suspension d’elle-même ? Quel avantage PARCEM pouvait trouver dans sa [propre] suspension ? Ca, c’est inimaginable. C’est honteux même. A un certain moment, on a subi ces sanctions. On a lutté pour que la mesure soit levée. Et on aboutit à des résultats. On ne peut pas quand-même être de connivence avec quelqu’un qui vous suspend. La mesure vous est appliquée. On la subit. Plutôt, il faut une résilience pour que, si une fois la mesure dure, elle ne puisse pas causer trop de dégâts au niveau de l’organisation. C’est ce qu’on a fait. Sinon, on a remué ciel et terre pour que, vraiment, l’organisation puisse redémarrer son travail. Par ailleurs, il n’y avait plus de charges judiciaires contre la PARCEM. Il n’y avait rien comme infraction qui poursuivait la PARCEM. Donc, j’imagine que l’occasion se présente pour qu’on puisse continuer à travailler, étant guidé par nos principes directeurs qui nous caractérisent depuis longtemps.  

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