lundi 15 novembre 2021

Pourquoi le MSD et le PPD réclament le maintien des sanctions européennes?

Les deux partis politiques marchent ensemble depuis quelque temps. Dans leur correspondance récemment adressée à l'Union Européenne, le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) et le Parti des Patriotes pour le Développement (PPD-Girijambo) réclament le maintien des sanctions économiques contre le Burundi. Ils sont convaincus que la rétention de l'aide européenne peut contribuer à faire fléchir le gouvernement du Burundi.

Le MSD et le PPD-Girijambo cite l'exemple de la suspension en 1995 de l'aide au développement par l'Union Européenne pour contraindre le président Pierre Buyoya à négocier la réouverture de l'espace politique et la remise sur les rails de la démocratie qui, selon eux, avait été tuée dans l'oeuf par l'assassinat du président Melchior Ndadaye. Selon ces deux partis politiques, le discours selon lequel les sanctions seraient inefficaces est une forfaiture politique. Ils rappellent qu'à l'époque les gouvernements allemand et belge ont également gelé leur aide bilatérale. Ils ont exigé des négociations entre le gouvernement burundais et son opposition politique ainsi que son opposition armée, ligne qu’ils ont défendue jusqu’à la tenue des élections en 2005, selon la correspondance signée par Léonidas Hatungimana et Alexis Sinduhije

En plus de cela, le MSD et le PPD-Girijambo indiquent qu'à la même époque, les gouvernements allemand et belge ont gelé leur aide bilatérale tout en préconisant l’arrêt par l’Union européenne de toute aide économique au Burundi. Ils ont exigé des négociations entre le gouvernement burundais et son opposition politique ainsi que son opposition armée, ligne qu’ils ont défendue jusqu’à la tenue des élections en 2005, ajoutent-ils.  

Ces deux partis estiment que le régime CNDD-FDD risque de "détourner les fonds issus d'une reprise de coopération pour entretenir les criminels et commettre l'irréparable". 

Les deux partis, dont les leaders sont en exil, expliquent également que l'insécurité au Burundi provoque l'insécurité au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo.

Selon ces deux partis de l'opposition, si les négociations d’Arusha ont pu avoir lieu et aboutir, ce n’est pas nécessairement ou seulement parce que la région s’était engagée en premier ni parce que les rebelles du CNDD-FDD et du Palipehutu-FNL étaient très actifs sur le terrain, mais surtout parce que les sanctions économiques prises par l’Union européenne en collaboration avec les Etats-Unis ont forcé le gouvernement de Pierre Buyoya à négocier. 

Selon le MSD et le PPD-Girijambo, la négociation et la signature de l'accord d'Arusha ont montré l'efficacité des sanctions. Selon eux, toute tentative de reprise de coopération devrait être conditionnée par l'ouverture d'un dialogue politique au Burundi.

vendredi 12 novembre 2021

Burundi : Qu’est-ce que l’opposition vient d’écrire aux Européens?

 

Solliciter le maintien des sanctions contre le gouvernement du Burundi serait le but d’une correspondance que certains partis de l’opposition auraient adressée à l’Union Européenne très récemment. Selon nos sources, les 27 prévoient de faire une rencontre dans une semaine pour analyser, entre autres, les sanctions imposées au Burundi.

Une rencontre dans lequel feront partie uniquement les représentants des Etats membres de l’Union Européenne serait programmée pour le 18 novembre prochain selon nos sources. Cette réunion aurait l’objectif d’analyser certaines questions relatives à la coopération entre l’union européenne et d’autres pays. Nos sources pensent que le Burundi serait également au centre des débats. C’est en marge de cette rencontre jugée préparatoire que certains partis politiques de l’opposition burundaise auraient donc écrit à l’Union Européenne pour lui demander de maintenir les sanctions contre le gouvernement du Burundi.

Selon nos sources, ces partis sont convaincus que le maintien des sanctions européennes contraindra le régime CNDD-FDD à négocier avec son opposition pour "éviter la guerre civile". C’est le financement de l’union européenne que le régime pourrait se servir, comme d'habitude, pour continuer de mater ses opposants ou ceux qu'il considère comme tels, se seraient justifié ces partis politiques.

Il est prévu que l’accord de Cotonou, que le gouvernement du Burundi a violé selon l’Union Européenne, expire le 30 novembre prochain. L’Union Européenne et l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont paraphé un accord post-Cotonou le 15 avril dernier et c’est cet accord qui, après avoir été signé, liera ensuite tous ces pays. 

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dimanche 31 octobre 2021

Et si c’était la fin des sanctions européennes contre le ministre Ndakugarika?

 

Les sanctions de l’Union Européenne contre le ministre Gervais Ndirakobuca expirent dimanche. Cependant, selon nos sources, ces sanctions, imposées au ministre de l’intérieur du Burundi depuis 2015, risquent de disparaître d’une manière définitive.

Certaines organisations internationales et nationales sont à pied d’œuvre depuis quelques mois pour décrocher la levée des sanctions qui pèsent sur le ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique depuis le mois d’octobre 2015. Selon nos sources, les discussions auraient tourné en faveur du ministre Gervais Ndirakobuca qui est, d'ailleurs, très soutenu par le président de la République Evariste Ndayishimiye. 

Selon ces sources, il est fort probable que l’Union Européenne ne renouvelle pas les sanctions contre cette haute personnalité qui a été caractérisée par une certaine humilité envers différents partenaires du Burundi ces derniers mois. Au cours de la campagne séduction, Gervais Ndirakobuca a gagné la sympathie des organisations internationales et des diplomates qui le présentent comme un ministre pragmatique si on ignore son passé, insistent nos sources. 

"Il écarte les policiers et agents du SNR cités dans les crimes"

Selon un haut responsable d'une organisation internationale qui appuie les médias au Burundi, le ministre Gervais Ndirakobuca soutient le désarmement des jeunes armés y compris les Imbonerakure. Cette personnalité indique que "certains policiers, cités dans les crimes, ont été sanctionnés comme le Commissaire Prosper Manirampa, auteur de la disparition du journaliste du groupe de presse Iwacu Jean Bigirimana, qui a été révoqué de la police". "Autre chose. Son ministère reste notre partenaire privilégié avec lequel il faut tout faire pour renouer les bonnes relations et la confiance", insiste cette personnalité.

Nos sources affirment que, justement, les mesures prises ces derniers mois par le ministre Gervais Ndirakobuca ont l’objectif de convaincre la communauté internationale qu'il fait un effort pour redresser la situation dans le pays à travers son vaste ministère.

C'est pour cela que ce ministre, qui écoute beaucoup ses conseillers, a multiplié des ‘’actions de bonne volonté’’ pour montrer qu'il essaie de limiter certains crimes, dont des assassinats et des disparitions forcées, qui sont signalés en permanence sur le territoire burundais.

Identification des pistolets et instructions

"J’ai l’honneur de vous demander d’instruire les Commissaires Provinciaux pour faire un rapport détaillé et actualisé de toutes les armes remises ou saisies et de les rassembler au niveau central pour une meilleure gestion afin d’éviter que ces armes soient réutilisées dans des actes qui portent atteinte à la sécurité et l’ordre public.", ordonnait l’Inspecteur Général de la Police Nationale à tous les Commissaires Régionaux le 6 octobre dernier.

Deux mois plus tôt, le même inspecteur de la police, Melchiade Ruceke, prônait la limitation des cas de criminalité commise par les policiers dans une correspondance adressée au Commissaires Généraux, aux Chefs de Bureau et aux Commissaires Régionaux. "Suite aux cas de criminalité impliquant nos policiers qui s’observent dans ces derniers temps, il vous est demandé de faire une identification des pistolets détenus par les brigadiers et agents dans votre secteur de responsabilité, d’en faire un contrôle régulier et de récupérer ceux qui ne sont plus nécessaires à être en mains de ces derniers selon le cas. Les pistolets récupérés devront être acheminés au Bureau Logistique avec mention du détenteur et de son unité."

Toutes ces mesures prises au sein de son ministère pourraient libérer Gervais Ndirakobuca des sanctions européennes selon nos sources qui signalent qu'après cela, certains leaders des organisations non-gouvernementales et médias vont quitter l'exil.

Le rapatriement des hautes personnalités d’ici février

Les hauts responsables de certaines organisations de la société civile et des médias, en exil, principalement en provenance de l’Europe, rentreront au Burundi d’ici le mois de février 2022 si la levée des sanctions contre Gervais Ndirakobuca est effective selon nos sources. Ils pourront ensuite gérer leurs projets respectifs en collaboration avec le ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.

Depuis le 2 octobre 2015, Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika ne peut pas franchir le territoire des 27 à cause des sanctions lui imposées. L'Union Européenne l'accuse d’être "responsable d’avoir fait obstacle à la recherche d’une solution politique au Burundi en donnant des instructions qui ont entraîné un recours disproportionné à la force, des actes de violence, des actes de répression et des violations du droit international des droits de l’homme à l’encontre des manifestants dans le cadre des manifestations qui ont débuté le 26 avril 2015, à la suite de l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à l’élection présidentielle, notamment les 26, 27 et 28 avril 2015 dans les quartiers de Nyakabiga et Musaga à Bujumbura" lorsqu'il était chef de cabinet chargé des questions liées à la police nationale à la Présidence de la République. 

dimanche 17 octobre 2021

Prosper Ntahorwamiye : "Le couvre-feu évoqué par RED-Tabara n’est qu’une intimidation."

 

Prosper Ntahorwamiye, porte-parole du gouvernement du Burundi, le 8 octobre 2021

La sécurité est totale dans le pays mais il faut toujours être vigilant selon le porte-parole du gouvernement du Burundi. Au cours d’une conférence publique animée par les porte-paroles des différentes institutions, Prosper Ntahorwamiye a dit que le couvre-feu évoqué par le RED-Tabara vers la fin du mois de septembre n’est qu’une intimidation.

Le mouvement de la Résistance pour un Etat de Droit (RED-Tabara) a fait la déclaration en question le 25 septembre dernier. "RED-Tabara demande à nos concitoyens de ne pas emprunter les routes nationales après 18h pour ne pas se retrouver entre deux feux’’, indiquait ce communiqué du mouvement rebelle qui dressait un bilan des affrontements avec l’armée régulière dans la localité de Cogo située à Mugamba, l’une des communes de la province Bururi.

#Urgent - Communiqué sur les combats entre les résistants de @Red_Tabara et l’armée du @CnddFdd d’hier soir le 24/09/2021 à #Cogo commune #Mugamba, province #Bururi.#Burundi pic.twitter.com/vJHmJQDgHr

Répondant aux questions relatives à ces déclarations du mouvement RED-Tabara, Prosper Ntahorwamiye a dit que la plupart des participants à la conférence publique ont passé la nuit à Karuzi, une province du Centre-Ouest où a été organisée cette séance des questions et des réponses. "La plupart d’entre vous sont venus de Bujumbura et il y a ceux qui sont arrivés hier après 18 heures. Donc, la sécurité est totale dans le pays. Mais tout n’est pas rose parce qu’on n’est pas au paradis. Les malfaiteurs sont toujours là mais ils doivent être combattus", a déclaré le secrétaire général du gouvernement du Burundi. Prosper Ntahorwamiye estime toutefois que les déplacements nocturnes ne sont pas à encourager. "Mais, comme vous le savez, même en temps de paix, ce n’est pas bien de circuler pendant la nuit parce que la nuit c’est la nuit. Un pneu de ton véhicule peut éclater et te causer des ennuis. Tu peux croiser des voleurs". Selon le porte-parole du gouvernement, les déclarations du mouvement RED-Tabara ne sont que des intimidations.

Le RED-Tabara a été qualifié de groupe terroriste par Ndayishimiye 

Au cours de la 76ème session de l’assemblée générale de l’ONU, le président de la République du Burundi a appelé la communauté internationale à l’aider à combattre le mouvement RED-Tabara. Evariste Ndayishimiye s’est dit "préoccupé par la prolifération du terrorisme dans la sous-région dont les responsables sont l’ADF et le RED-Tabara". Dans son discours, le chef de l’Etat burundais estime que pour combattre ces rebelles, il faut une stratégie commune, adéquate et efficaceLa participation du président Evariste Ndayishimiye à cette réunion des Nations Unies a été précédée par des lancements d’obus sur l’aéroport international Melchior Ndadaye.

C’est le RED-Tabara qui a attaqué l’aéroport

Le mouvement rebelle a revendiqué les tirs d’obus du 18 septembre qui ont atteint l’aéroport de Bujumbura la veille du départ du président Evariste Ndayishimiye à New York.

Selon la Radio Publique Africaine, au total, 5 obus ont atteint la cible sans faire de dégâts. Ce mouvement a visé l'aéroport de Bujumbura par des tirs d'obus plus d'un mois après l'extradition de ses 19 combattants au Burundi. 

Les 19 combattants ont été extradés via le MCVE

Sous la supervision du MCVE, le Mécanisme Conjoint de Vérification Elargi de la CIRGL, le Rwanda a extradé les 19 combattants du mouvement RED-Tabara au Burundi le 30 juillet 2021. Ces 19 rebelles burundais avaient été arrêtés le 29 septembre 2020 sur la frontière burundo-rwandaise, côté rwandais, selon l'armée rwandaise. Avant leur arrestation, des combats entre ce mouvement et les forces régulières burundaises étaient signalés depuis plusieurs jours dans plusieurs provinces sur le territoire burundais.

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jeudi 14 octobre 2021

Burundi-ONU : Un rapporteur spécial à la place d’une commission d’enquêteurs

 

C’est finalement à un rapporteur spécial que les Nations Unies ont décidé de confier la situation des droits de l’homme au Burundi. Par 21 voix pour, 15 voix contre, et 11 abstentions, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a décidé, vendredi, la nomination d’un rapporteur spécial pour surveiller la situation des droits de l’homme dans le pays. Mais la nomination de cette personnalité, jugée moins efficace qu’une commission, n’interviendra que dans environ 5 mois.

Le rapporteur spécial sera nommé au cours de la 49ème session du conseil des droits de l’homme prévu durant les mois de février et mars 2022. Après sa nomination, le rapporteur spécial sera chargé de "surveiller la situation des droits de l’homme au Burundi et de faire des recommandations en vue de l’améliorer, de recueillir, d’examiner et d’évaluer les informations fournies par toutes les parties prenantes en faisant fond sur le travail de la Commission d’enquête, de conseiller le Gouvernement burundais pour qu’il s’acquitte des obligations en matière de droits de l’homme mises à sa charge par les traités internationaux et d’offrir conseils et assistance à la société civile et la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, qu’il aidera à s’acquitter de son mandat indépendant de promotion et de protection des droits de l’homme et à faire mieux connaître les questions relatives aux droits de l’homme".

Qui va assurer la transition?

Au point 23 de la résolution A/HRC/48/L.19/Rev.1, le Conseil prie le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme de veiller à maintenir un suivi de la situation en attendant la nomination du rapporteur spécial ou de la rapporteuse spéciale et de fournir au ou à la titulaire du mandat toute l’assistance et les ressources nécessaires aux fins de l’exécution de son mandat.

Selon un expert onusien, il est prévu qu’il y aura 2 postes temporaires qui vont être rapidement créés pour assurer la transition. C’est pour éviter un « protection gap » avant la nomination du rapporteur spécial en mars prochain selon l’expert.

Les Burundais sont-ils livrés à eux-mêmes? 

Certains défenseurs des droits de l’homme estiment que c’est l’abandon progressif du suivi de la situation des droits de l’homme dans le pays par la communauté internationale. Ils sont également convaincus que le gouvernement du Burundi offrira un visa d’entrée sur son territoire au rapporteur spécial sans aucune résistance parce qu’en réalité il ne sera qu’un "lanceur d’alerte" de marge de manœuvre très limitée.

De son côté, l’organisation Defend Defenders évoque "un nouveau chapitre et pas une page blanche". "Par son travail au cours des cinq dernières années, la Commission d’Enquête sur le Burundi a placé haut la barre pour les mécanismes d’enquête indépendants", a dit Hassan Shire, directeur exécutif de Defend Defenders. "Le Conseil des droits de l’homme a décidé de changer son approche, mais de maintenir une focale sur le Burundi. Comme les preuves rassemblées et les recommandations formulées par la Commission d’Enquête resteront, il s’agit d’un nouveau chapitre, pas d’une page blanche".

Le gouvernement du Burundi a réussi à décrocher le non-renouvellement du mandat de la commission d’enquête mais il n’est pas tout à fait satisfait parce qu’il veut la disparition totale des mécanismes onusiens des droits de l’homme qui gardent un œil sur le Burundi. Au cours de la 76ème session de l’assemblée générale des Nations Unies, le président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye a déclaré que toute tendance à coller au pays des mécanismes spéciaux en matière des droits de l'homme est contre-productive. 

Le rapporteur spécial, dont la nomination effective est attendue en mars prochain, prendra ainsi la place de la Commission d'Enquête sur le Burundi dont le mandat a été renouvelé à quatre reprises depuis sa création en septembre 2016. Dans son dernier rapport, la Commission a signalé qu’elle continuait d’avoir des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l’humanité, tels que définis par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, ont été commis au Burundi dans la continuité de ceux commis dans le contexte électoral.